Air Lib a déposé, jeudi 13 février, son bilan auprès du tribunal de commerce de Créteil (Val-de-Marne), qui examine par ailleurs le rapport que lui a remis le conciliateur désigné pour déterminer l'avenir de la société. La direction de la deuxième compagnie aérienne française a déclaré la cessation de paiement de l'entreprise, une démarche plus connue sous le nom de dépôt de bilan, a annoncé en début d'après-midi le tribunal dans un communiqué.
Le PDG d'Air Lib, Jean-Charles Corbet, avait annoncé un peu plus tôt, lors d'un comité d'entreprise extraordinaire au siège de la société, l'état de cessation de paiement de son groupe, avait-on appris de source syndicale. A la suite de cette déclaration, le tribunal a fixé au lundi 17 février, à 9 heures, une audience en chambre du conseil sur le dossier. "La chambre du conseil examinera - à huis clos - la situation ainsi créée et entendra, en
présence du procureur de la République, les dirigeants de l'entreprise, les représentants du personnel et leurs conseils respectifs", selon le communiqué.
A l'issue de ce huis clos, le tribunal mettra l'affaire "en délibéré", et le
président de l'audience fixera "la date et l'heure à laquelle le jugement sera prononcé en audience publique", a conclu le tribunal. Le jugement devrait être prononcé lundi dans la foulée de l'audience, a-t-on toutefois appris de source judiciaire. "Deux options sont possibles pour le tribunal réuni en chambre du conseil, a expliqué Christian Rousselin,
président du tribunal de commerce de Créteil : soit accorder une période d'observation qui peut conduire à un plan de redressement de l'entreprise, soit procéder à la liquidation immédiate de l'entreprise." "Dans les deux cas, un juge commissaire est nommé par la chambre du conseil", a-t-il ajouté.
Pour fonder sa décision, le tribunal pourra s'appuyer sur les conclusions du rapport de conciliation établi par Me Hubert Lafont, le conciliateur qu'il avait désigné pour examiner les chances de reprise de l'entreprise et ses possibilités pour l'avenir. Le rapport est parvenu jeudi matin sur le bureau de Christian Rousselin, a-t-on indiqué jeudi au tribunal de commerce.
Les syndicats ont manifesté peu d'étonnement à l'annonce du dépôt de bilan de la société. "Cette annonce n'est pas véritablement une surprise. On a épuisé nos dernières cartouches, et en l'absence de tout investisseur on va directement dans le mur. Cela nous renforce dans notre détermination d'interpeller les pouvoirs publics pour qu'ils prennent leurs responsabilités" a déclaré Paul Fourier, responsable CGT d'Air Lib, en réaction à cette annonce.
Pour Jean-Christophe Bandler (CFTC), "ça fait dix-huit mois qu'on sait que le plan de reprise d'Air Lib n'était pas financé, alors cette annonce n'est qu'une suite logique". "Maintenant,
précise-t-il, nous devrons être vigilants à l'attribution des créneaux horaires qui doivent être rattachés aux emplois." Jeudi après-midi, le PDG d'Air Lib a toutefois manifesté l'intention d'avoir "une ultime réunion téléphonique avec IMCA, l'investisseur néerlandais", a-t-on appris de source syndicale.