Paru dans un journal suisse le 06.01.03
PORTRAIT
DUBAÏ, C'EST UN PEU LA TERRE PROMISE DES PILOTES
MARK DENTON A 33 ans, il est l'un des plus jeunes commandants de Boeing 777 du monde. Ancien de Crossair, ce Vaudois vole depuis trois ans chez Emirates Airlines
Kloten Bruno Pellandini
Un des plus jeunes commandants du monde de Boeing 777, le plus grand biréacteur en service, est un Vaudois de Gland.
Mark Denton, 33 ans, est un des 650 pilotes de la compagnie Emirates Airlines basée à Dubaï, dans les Emirats arabes unis. Le temps d'une brève escale à l'aéroport de Zurich-Kloten, Mark Denton a répondu à quelques questions. « Chez Emirates, il n'y a que dix pilotes suisses, dont deux Romands et un Tessinois. Nous sommes tous des anciens commandants ou copilotes de Crossair. Là-bas, dans la perle du golfe Arabo-Persique, raconte d'emblée le Vaudois, qui est divorcé et père de deux enfants, nous formons une petite communauté helvétique très solidaire et heureuse. »
Mais commençons par le début. Mark vole depuis l'âge de 17 ans: il a obtenu sa licence de pilote privé à Sion et la licence commerciale à Berne. Après une expérience chez Aero Leasing de Genève à Singapour, il est engagé chez Crossair à l'époque glorieuse de cette nouvelle compagnie aérienne. Sa carrière est rapide: copilote sur Fokker 50 puis sur Jumbolino, il devient commandant en 1997.
Puis, au mois de mai 1999, il quitte la grande famille de Moritz Sutter pour rejoindre Emirates. Pourquoi le choix de travailler si loin de la Suisse ? « Je voulais faire du long-courrier mais à l'étranger, expliquet-il ; Emirates Airlines était en pleine expansion. » En effet, cette compagnie aérienne, fondée en 1985, a connu une croissance exceptionnelle: le parc-avion a passé de deux à quarante (Airbus A330, A310 et Boeing 777) qui assurent 58 destinations en Europe, Afrique, Australie, Extrême-Orient, Japon. Dans les prochaines années, le parc augmentera jusqu'à cent avions grâce à l'acquisition d'Airbus A340-500 et 600: les liaisons avec New York et Los Angeles, le long des routes polaires, sont
prévues cette année.
Après trois ans passés comme copilote sur Airbus A330, Mark Denton, qui a une expérience de 6100 heures de vol, vient juste de passer ses qualifications pour passer aux commandes du grand Boeing 777: avec ce géant des airs, il assurera, entre autres, les liaisons avec l'Australie, le Japon et l'Afrique du Sud avec des vols longs de dix à onze heures.
Comment vit-il en tant que Suisse à Dubaï, la Cité de l ' Or ? « Je me suis trouvé tout de suite très
à l'aise, grâce aussi à
l'aide des autres Suisses
qui travaillent pour
Emirates. Il faut aussi
préciser que les conditions professionnelles
sont excellentes que l'on parle de plan de carrière ou de salaire (n. d. l. r .: chez Emirates, un copilote gagne, en moyenne entre 8500 et 9000 francs, et un commandant 11 000 francs net, c'est-à-dire plus du double de chez Crossair). En plus, on ne paie pas de taxes et les assurances sociales coûtent moins qu'en Suisse. La vie est nettement moins chère. Un exemple ? L'essence ne coûte que 15 centimes le litre. » « Dubaï n'est pas une cage dorée ! observe encore le Vaudois, mais une ville très ouverte au tourisme malgré les sévères lois islamiques. Il suffit de respecter les règles fondamentales et il n'y a aucun problème. En plus, il fait toujours beau et on peut pratiquer tous les sports, de la plongée au patinage sur glace. »
Pas de nostalgie de la Suisse ? « Pas du tout ! Genève n'est qu'à six heures de vol et je rentre régulièrement. » Mark, qui est aussi cameraman indépendant (il a sa propre société Imagine Production à Dubaï), est un pilote de ligne épanoui: après le 777, dans six ans, il passera sur le grand Airbus A380 à trois étages.
L'entretien se termine par un appel d'offres: « Chez Emirates Airlines, lance Mark Denton, on cherche 25 copilotes par mois: c'est une bonne occasion de changer pour les pilotes suisses !»
Le Matin, 06.01.2003, p. 9