PPRuNe Forums - View Single Post - Crash Airbus Air France : que faire ?
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Old 24th Sep 2010, 09:34
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airbuanana
 
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J'ai mon idée sur l'EgyptAir et je ne vois vraiment pas pourquoi je ne serais pas heureux. De toute façon, le problème n'est pas de savoir si je suis heureux ou non , cela n'est peut-être pas du plus grand intérêt.

Revenons à nos moutons. Un peu de lecture pour Bussereau :

- PDF (avec quelques problèmes de liens, je n'ai pas le temps de faire correct) : http://jacno.com/prov/bussereau/mail...u-20100923.pdf

- le même sur Google, avec des liens qui fonctionnent bien : https://docs.google.com/document/edi...xRNXiGvA&hl=en


Deux précisions. Comparer PPRuNe à un sexshop comme l'a fait kijangnim n'est pas très gentil pour PPRuNe. Quant au Perpignan... L'essentiel est qu'avec deux sondes d'incidence bloquées sensiblement à la même valeur, ce qui n'aurait eu aucune conséquence sur n'importe quel avion depuis que l'aviation existe (ils étaient en vol à vue il faut le rappeler), une catastrophe s'est produite après que les pilotes se soient vainement battus contre des ordinateurs en folie. Pourquoi en folie ? C'est tout bête. Les ordinateurs marchent "à la majorité", ils ont donc pris en compte les fausses infos des deux sondes d'incidences, les considérant comme vraies, et ils se sont opposés aux ordres des pilotes parce qu'ils croyaient que les sondes avaient juste et que les pilotes avaient faux, alors que c'était le contraire. Et ce n'est pas tout, voici une dernière minute (copie d'un texte de Henri Marnet-Cornus, copyright) :

S’il est vrai que les essais à faible vitesse ont été effectués dans la précipitation, il est également vrai que l’équipage n’a pas été alerté que 2 sondes d’incidence étaient bloquées. C’est une grave anomalie. En effet si les pilotes avaient été prévenus que 2 sondes d’incidence étaient bloquées, ils n’auraient jamais cherché à tester le bon fonctionnement des systèmes de protections dont ces sondes sont l’élément principal.

Le document de certification CS 25 exige dans son paragraphe 1309(c) que les pilotes soient informés de toute panne afin qu’ils puissent prendre les mesures appropriées.

CS 25.1309(c) Information concerning unsafe system operating conditions must be provided to the crew to enable them to take appropriate corrective action. A warning indication must be provided if immediate corrective action is required. Systems and controls, including indications and annunciations must be designed to minimise crew errors, which could create additional hazards

Les pilotes ne disposaient pas d’une alarme visuelle et/ou sonore les informant de l’indisponibilité de 2 sondes d’incidence ce qui est contraire aux normes de certification exigées. Le BEA ne le dit pas dans son rapport.

Page 16 de son rapport, le BEA ose affirmer : « Entre 15 h 04 et 15 h 06, les sondes d’incidence 1 et 2 se bloquent et restent figées jusqu’à la fin du vol à des valeurs d’incidence locale quasi-identiques et cohérentes avec des valeurs d’incidence de croisière, sans que l’équipage le perçoive ». Il faut bien sûr lire « sans que l’équipage en soit informé ». C’est de la malhonnêteté intellectuelle.

Le blocage de 2 sondes d’incidence a entrainé le calcul erroné des vitesses caractéristiques (Vαprot et Vαmax), le rejet de l’ADR 3, le passage en loi directe et a rendu la compensation automatique inopérante. Cette succession d’automatismes dans un système très complexe n’a pas été perçue par l’équipage. Les pilotes n’ont pas compris ce qu’il se passait. (Remember Habsheim, Bangalore, Ste Odile, Congonhas…, les pilotes n’avaient pas compris ce qu’il se passait.)

Si le BEA convient que « la situation réelle globale de l’avion n’était pas connue de l’équipage », il ne remet pas en cause la technologie Airbus comme le CENIPA brésilien l’a fait dans son rapport sur l’accident d’un A 320 de la compagnie TAM le 17 juillet 2007 : « the automation of the aircraft, however complex, was not capable of providing the pilots with sufficiently clear and accurate stimuli, to the point of favoring their understanding of what was happening in the moments just after the landing in Congonhas »

Le BEA oubli de dire également que le retour d’expérience a encore failli puisque 2 événements similaires ont eu lieu dans une compagnie française avant le crash de Perpignan. Si tous les intervenants de l’accident du 27 novembre 2008 avaient bénéficié de ces retours d’expérience, d’une bonne sensibilisation et de bonnes consignes de sécurité, on aurait économisé 7 morts et un avion.
Encore plus sur le blog de Henri Marnet-Cornus, et ça vaut le coup (notes du 23 septembre et précédentes) : Les dossiers noirs du transport aérien
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