PPRuNe Forums - View Single Post - Crash Airbus Air France : que faire ?
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Old 2nd Oct 2009, 14:32
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Post Air France: une issue à la crise?

de l'express

Ciel plombé pour Air France

Trafic en recul, cargo en berne : la crise du secteur secoue le n°1 mondial. Et le drame du Rio-Paris a ajouté au malaise d'une compagnie hier en pleine euphorie.

L'embellie du trafic observée aumois d'août, après huit mois de dégringolade, lui met du baume au coeur. Mais Pierre-Henri Gourgeon, le directeur général exécutif d'Air France-KLM, assis dans son vaste bureau surplombant les pistes de Roissy, préfère rester prudent, face à "une crise d'une brutalité inouïe", martèle-t-il. Depuis son installation, le 1er janvier 2009, dans le fauteuil de Jean-Cyril Spinetta - le charismatique ex-patron de la compagnie - l'ancien numéro 2 du groupe franco-néerlandais a dû faire face à une avalanche de mauvaises nouvelles. Le leader mondial du transport aérien a perdu près de 3 millions de passagers (sur 70 millions) et 814 millions d'euros en seulement un an. Ces piètres résultats, aussitôt suivis de l'annonce d'un plan social, ont plongé les salariés dans l'anxiété. Un malaise accentué par l'accident meurtrier et toujours inexpliqué du vol Rio-Paris, en juin. Le drame a suscité parmi le personnel nombre de questions sur la sécurité d'une compagnie à laquelle, jusqu'ici, tout avait réussi.

4 500 suppressions de postes d'ici à 2011

Si Pierre-Henri Gourgeon cumule les difficultés depuis son arrivée à la tête du groupe, c'est la faute à pas de chance. Le transport aérien affronte "une crise sans précédent", explique Olivier Fainsilber, consultant chez Oliver Wyman. A la surprise générale, le trafic passagers a plongé en même temps que les cours de Bourse. Les hommes d'affaires ont cessé de voyager, tandis que le cargo - reflet de l'activité mondiale - a connu une chute vertigineuse (- 40 %). Epargnée jusqu'ici, Air France-KLM semble aujourd'hui particulièrement touchée. "C'est normal, explique Pierre-Henri Gourgeon. Nous sommes les plus gros financièrement. Donc nos pertes sont supérieures à celles de nos concurrents."

Le plan social était inévitable. Le recul du trafic et la diminution de capacité de 4,7 % qui a suivi ont entraîné un sureffectif, estimé actuellement par la compagnie à 4 500 personnes. "Déjà, en période de croissance, nous avions commencé à réduire les effectifs, rappelle Pierre-Henri Gourgeon. Aujourd'hui, le mouvement s'est accéléré." Ces suppressions d'emplois, les premières depuis 1993, ont "tétanisé" le personnel, assure un syndicaliste. D'autant que, dès juillet, le directeur général exécutif avait alarmé ses troupes en lançant le chiffre de 3 000 départs pour 2009 (en dehors de l'érosion naturelle), sans exclure le recours au chômage partiel. De quoi semer la panique parmi le personnel au sol, le plus concerné (les pilotes sont exclus du plan), et provoquer une levée de boucliers du côté des syndicats. Lesquels (sauf la CGT) ont néanmoins signé, en juillet, l'accord triennal prévoyant 4 500 suppressions de postes d'ici à 2011. Le 4 septembre, le verdict est tombé : seuls 1 500 départs volontaires sont prévus, qui s'ajouteront aux 2 500 départs naturels (retraite, mobilité). "On s'attendait à pire. On est soulagés", reconnaît Michèle Levy-Hazera, secrétaire générale du Syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNC).

Rendre la compagnie encore plus sûre

Mais si la paix sociale semble préservée en cette rentrée, l'inquiétude reste de mise. "Avant l'été, on nous a parlé de chômage partiel. Aujourd'hui, il n'en est plus question. Je reste circonspect et attends de voir la suite", affirme ainsi Eric Chauvel, vice-président de l'Union des navigants de l'aviation civile (Unac). "Nous sommes rassurés mais nous restons vigilants", renchérit Gilles Nicoli, secrétaire général de la CFDT. Une prudence de bon aloi : d'abord, il n'est pas sûr qu'autant d'employés acceptent de partir. Que fera alors l'entreprise ? Ensuite et surtout, si la situation d'Air France continue de se dégrader, Pierre-Henri Gourgeon pourrait être contraint, dès le printemps 2010, de revoir son plan à la hausse et de prendre, cette fois-ci, des mesures de chômage partiel. Un scénario plausible, "le transport aérien étant aussi sinistré que l'automobile", estime Olivier Fainsilber. "Par rapport aux concurrents, tels British Airways, la réduction d'effectifs me semble insuffisante", confie d'ailleurs un autre expert.

Déjà malmenés par la crise, les salariés d'Air France ont vécu comme un terrible choc l'accident fatal du vol Rio-Paris. "Cela a fortement contribué à l'ambiance pesante qui règne en interne", souligne Erick Derivry, porte-parole du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL). Avec son cortège d'interrogations autour de la sécurité de la compagnie, renforcées par la quête impossible des boîtes noires au fin fond de l'océan. Les pilotes, en particulier, ont, pour certains, reproché à la direction d'avoir tardé à remplacer les sondes Pitot incriminées, menaçant même de ne plus voler. "Pour nous, c'est forcément un échec de la sécurité en vol", affirme Erick Derivry. Très touché par le drame, même s'il n'a pas, regrette une employée, "su montrer la même empathie que Jean-Cyril Spinetta", Pierre-Henri Gourgeon annonce à L'Express une série de mesures pour rendre la compagnie encore plus sûre. Outre le renforcement de la formation, un rapport a été commandé à un consultant externe afin d'identifier de nouvelles pistes pour améliorer la sécurité. Le transporteur promet par ailleurs d'adopter les solutions proposées pour chacun des scénarios possibles du crash.

Au coeur de la tourmente, le directeur général exécutif se console en se comparant aux autres transporteurs. Selon lui, Air France affiche les meilleures performances du secteur... Hors pétrole et cargo, il estime faire mieux que Lufthansa et British Airways. Mais il souffre comme les autres de la désaffection de la clientèle d'affaires (- 20 % selon l'Association internationale du transport aérien). Les cadres voyagent désormais en classe économique ou reportent leurs déplacements. A bord, leur défection est visible. "Les sièges avant sont vides. C'est déprimant", lâche une hôtesse.

Pierre-Henri Gourgeon préfère ne pas y penser. Sa méthode : aller de l'avant, en développant des produits comme la nouvelle classe premium. Elle permettra aux hommes d'affaires de voyager dans un siège confortable tout en payant moins cher qu'en business. Autre arme anticrise : l'A 380. L'avion géant, en service dès novembre chez Air France, "remplacera deux appareils. Soit une économie de coûts de 15 à 20 %", se félicite le directeur général. Moins spectaculaire mais tout aussi importante : la refonte du transport sur court et moyen-courrier. Concurrencée par le TGV sur le réseau domestique et par les compagnies à bas coûts sur les routes européennes, Air France-KLM promet un produit plus efficace. Elle compte par exemple rogner sur les services offerts. Comme les low cost !

A employer de telles recettes, "on pourrait croire que la compagnie est au fond du trou. Ce n'est pas vrai : elle reste robuste", insiste un expert. Avec de solides atouts. Ainsi, la réussite de sa fusion avec KLM. "Le lien entre Paris et Amsterdam participe pour une bonne part à la résistance du modèle", analyse un cadre, avec notamment un double hub très performant. "L'alliance Atlantique Nord, avec Delta et Northwest, nous donne également une longueur d'avance", renchérit le patron d'Air France-KLM.

Reste à traverser le mieux possible la crise - qui durera jusqu'en 2011, selon la direction. Et sans trop de casse sociale. "Pour y parvenir, Pierre-Henri Gourgeon doit faire très rapidement ses preuves", glisse un cadre de la compagnie. Afin d'être celui qui préparera Air France-KLM à rebondir, une fois les turbulences passées. Comme il l'a fait jadis au côté de Jean-Cyril Spinetta.
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