Enquête-France-Thaïlande-accident-transport-aviation,2eLead Plainte à Paris de familles de victimes de l'accident d'avion de Phuket PARIS, 27 juin 2008 (AFP) - Les familles des dix victimes françaises de l'accident d'un avion à Phuket (Thaïlande) en 2007 ont déposé plainte vendredi à Paris, notamment pour "homicides involontaires", dénonçant les graves manquements de la compagnie aérienne, selon une source judiciaire. Cette plainte contre X, déposée par les familles réunies en association et enregistrée en fin d'après-midi au parquet, vise également les chefs de "mise en danger de la vie d'autrui" et d'"omission de porter secours". Le 16 septembre 2007, sous une pluie battante, l'avion MD-82 de la compagnie à bas coûts thaïlandaise One-Two-Go en provenance de Bangkok s'écrasait à l'atterrisage. L'accident avait fait 90 morts, dont 57 étrangers, sur les 130 passagers et membres d'équipage. Neuf des dix Français à bord sont morts dans l'accident. Pour le
président de l'association de victimes, "on ne peut pas parler de fatalité". "Il y a des éléments qui mettent gravement en cause tant le fonctionnement de la compagnie que l'aéroport de Phuket", a-t-il déclaré à l'AFP. L'avion accidenté avait été construit 25 ans avant. Il avait été acquis six mois auparavant par la compagnie après qu'il eut été cloué au sol pendant deux ans dans le désert aux Etats-Unis dans l'attente d'un acheteur. "Ces avions sont de conception ancienne, ils consomment plus de carburant et nécessitent plus de maintenance. Les compagnies qui les utilisent ont les moyens de les acheter, pas de les entretenir", fait valoir le president. Pour le
président de l'association, la compagnie One-Two-Go a réuni "tous les ingrédients d'un accident": absence de réparations essentielles, manque de compétence et surmenage des pilotes. Le pilote, mort dans l'accident, n'avait ainsi pas eu de jour de repos depuis 10 jours, au cours desquels il avait passé 70 heures en vol. Les plaignants mettent également en cause la responsabilité de l'aéroport international de Phuket (sud du pays). Lors de l'accident, la moitié des systèmes de détection du phénomène de vent cisaillant ne fonctionnait pas et l'aéroport ne disposait pas de la zone de dégagement de 150 mètres le long de la piste exigée par les normes internationales. Or, l'appareil en tentant d'atterrir a rebondi sur le sol et "a percuté la colline" situé à moins de 100 mètres de la piste. Les réservoirs d'eau et de mousse pour les pompiers n'avaient pas été remplis après avoir été utilisés quelques jours auparavant pour un exercice. Et lorsque l'accident s'est produit, les deux sauveteurs de l'aéroport ont dû faire "appel à des équipes extérieures qui ont mis plus de 20 minutes à arriver", relate le president de l'association qui s'appuie sur le témoignage de l'un d'eux. Depuis l'accident, explique-t-il, "les langues se sont déliées, notamment des pilotes, mais il y a un +black-out+ total de la part des autorités thaïlandaises". Une pétition lancée sur internet par une famille de victime américaine demandant l'ouverture en Thaïlande d'une enquête judiciaire a recueilli
près de 5.000 signatures, selon elle.