PPRuNe Forums - View Single Post - Air Mauritius ab-initio program 2006/2007
Old 4th May 2007, 17:07
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theengineer
 
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Article publié le Mardi 17 avril 2007.

EDITO
Un crash annoncé

par Raj Meetarbhan

Si un avion perd de l’altitude, le commandant de bord peut décider, dans un premier temps, de se débarrasser des bagages pour redresser la situation. Or, la compagnie nationale d’aviation, qui pique du nez, annonce qu’elle n’a pas l’intention de dégraisser son personnel. Les alarmes se déclenchent mais on ne voit pas venir les mesures d’urgence.

Dans l’interview qu’il nous accorde (voir p.7), Donald Payen, Executive Vice President – Communications & Corporate d’Air Mauritius donne l’impression de vouloir jouer du violon alors que le naufrage est proche. Il annonce candidement qu’“à ce stade, la compression du personnel n’est pas à l’ordre du jour” et sort des incantations (notre priorité est d’utiliser toutes nos ressources et les compétences que nous avons en interne) avant d’entonner des formules rituelles (notre objectif est d’aller vers la croissance).

Pourtant, le dernier bilan financier de la compagnie fait redouter le pire. C’est la chronique d’une catastrophe annoncée. Air Mauritius accuse des pertes de Rs 620 millions pour le premier semestre de l’année financière 2006-07. Une tendance lourde se dégage. Pour la même période de l’année précédente la perte était de Rs 265 millions. Air Mauritius ne sera pas en mesure de déclarer des dividendes pour l’année se terminant au 31 mars 2007. Et encore, ses pertes auraient pu être plus lourdes si elle n’avait bénéficié d’une conjoncture favorable grâce à la force de l’euro par rapport au dollar. Pour une compagnie qui réalise l’essentiel de ses ventes en euros et qui achète le carburant en dollars, les taux actuels représentent une manne.

Le principal problème d’Air Mauritius, ainsi que l’ont constaté les spécialistes de McKinsey, tient à ses effectifs pléthoriques. Mais, cette compagnie a beau avoir le statut juridique d’une société privée, elle reste néanmoins largement influencée par les dirigeants politiques. Les recrutements et les promotions se font souvent en fonction de critères clientélistes. Dans une chronique publiée dans “l’express” de mercredi dernier, le commentateur Eric Ng Pin Chuen parle d’une “compagnie peuplée de 2 800 employés, avec un manager pour chaque 15 personnes” et conclut que “ pour qu’Air Mauritius vole haut, il faudra l’alléger d’au moins 25 % de son personnel. Si c’est politiquement suicidaire, que ceux n’ayant pas de pouvoirs exécutifs laissent les gestionnaires gérer la compagnie…”

La compagnie attribue sa situation catastrophique au chikungunya. Mais les groupes hôteliers réalisent des bénéfices en dépit de la contraction du marché français. Le problème, c’est “la gestion bureaucratique” d’Air Mauritius. C’est avec un retard considérable, soit à partir de ce mois, qu’elle a réduit les fréquences de ses vols sur Paris.

Les administrateurs de la compagnie, actuels ou anciens, ne peuvent nier leurs responsabilités dans l’affaire. S’ils ne renoncent pas aux milliers de billets gratuits que Air Mauritius est tenue de mettre à leur disposition, leur attitude sera un révélateur supplémentaire de la gouvernance d’entreprise chez nous.
Source: http://www.lexpress.mu/display_searc...?news_id=84594
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