PDA

View Full Version : Ryanair n'accepte pas les syndicats à bord


flyblue
17th Jul 2005, 15:22
Ryanair n'accepte pas les syndicats à bord
Fronde chez les pilotes irlandais de la compagnie low-cost, qui refusent de signer l'engagement de ne pas se syndiquer.

Par Catherine MAUSSION
mardi 12 juillet 2005



Dublin envoyée spéciale



Bienvenue chez Ryanair, au coeur de l'aéroport de Dublin, la patrie des tarifs low-cost (à bas coûts) et de la protection sociale... tout aussi low. Dans la culture d'entreprise, le syndicalisme est carrément banni. Michael O'Leary, son patron grande gueule, en a même fait un slogan : «Direct management = better pay.» Autrement dit, une gestion sans syndicats assure de meilleurs salaires à tout le monde.

Sauf que la petite centaine de pilotes basés dans la capitale irlandaise (sur un total de plus de 600 pilotes) ne l'entendent pas ainsi. Ils sont engagés depuis quelques semaines dans un nouveau bras de fer avec leur compagnie. Au coeur du conflit, un avenant à leur contrat de travail qu'ils refusent obstinément de signer. Un additif d'une page, inconcevable partout ailleurs en Europe, mais que Ryanair a l'aplomb de proposer sur le sol irlandais. Que dit-il ? Il exige des pilotes le remboursement de leur formation sur Boeing 737-800 _ Ryanair s'apprête à mettre en service ces nouveaux avions _ dans deux cas précis : s'ils quittent la compagnie dans les cinq ans à venir ou si un syndicat prenait pied chez Ryanair dans ce délai. La facture de la formation est plutôt salée : 15 000 euros.

Rétorsion. Pour faire signer son avenant sulfureux, Ryanair a redoublé d'efforts. Fin juin, un petit groupe de sept pilotes seniors, les plus anciens et les mieux payés, ont été convoqués pour se voir proposer une énième mouture du contrat, à peine remanié... avec la volonté d'en finir. Mais l'avenant est toujours assorti des conditions qui fâchent. La direction pose un ultimatum pour le 27 juin et compte sur ces navigants les plus âgés pour entraîner les autres. Peine perdue. La manip échoue. Et la rétorsion ne tarde pas. Dans un nouvel avenant, présenté il y a quelques jours, Ryanair propose aux sept seniors de les expédier d'office à... Lübeck, en les rattachant à la base allemande.

Depuis novembre, cette affaire du training remboursable empoisonne l'atmosphère. Mais «aucun d'entre nous ne l'a encore signé», assurait encore un pilote, jeudi, sous couvert de l'anonymat. Rencontrer un pilote syndiqué à Dublin relève presque de la mission impossible. Les contacts se font via Ialpa, le syndicat irlandais des pilotes de ligne. Son porte-parole, Neil Johnston, explique que le climat de terrorisme syndical est tel dans la compagnie de Michael O'Leary que «personne ne se risque à parler à visage découvert». Et même si, à Dublin, la grande majorité des pilotes est syndiquée chez Ialpa, le syndicat minore ce chiffre par précaution, pour éviter une traque individuelle trop pressante. Ambiance.

«Dialogue direct». A l'affaire du nouveau Boeing s'ajoutent des actions en justice. Des plaintes contre la compagnie pour harcèlement syndical ont été déposées devant la Labour Relations Commission, instance juridique spécialisée dans les conflits sociaux. Ialpa en recense «autour de 250». Il s'agit parfois de simples propos tenus par la compagnie, notamment par son patron (lire ci-contre). Ryanair _ qui n'a pas accès pour le moment à l'identité des plaignants, sauf pour les sept seniors _ met toute la pression pour que les pilotes retirent leurs plaintes.

Chez Ryanair, on se justifie : «Chez nous, la Constitution reconnaît aux personnes le droit d'adhérer à un syndicat, mais aussi celui de ne pas adhérer. Les compagnies ont aussi le choix, elles peuvent refuser de passer par les syndicats. Ryanair, depuis vingt ans, a choisi le dialogue direct, que les salariés soient syndiqués ou non», explique un porte-parole de la compagnie. Des déclarations qui ne poursuivent qu'un objectif : contenir le feu irlandais, de peur qu'il ne s'étende aux autres sites de la compagnie. Aucun syndicat n'a pour le moment réussi à s'implanter sur les douze bases de Ryanair en Europe.

«Harcèlement syndical». Les comportements sont raccords avec ce parti pris antisyndical. Chez Ryanair, le patron n'hésite pas à poursuivre ses salariés en justice pour «harcèlement syndical», comme il l'a fait pour l'un de ses pilotes, le capitaine John Goss. «Nous ne permettrons pas que nos pilotes ou nos gens soient les victimes d'une campagne d'intimidation», justifiait Ryanair dans un communiqué en février, évoquant «ces individus (des pilotes syndiqués chez Ialpa) qui font des menaces, certains incitant même à des activités criminelles».

Après avoir été convoqué devant un conseil de discipline, John Goss, défendu par Ialpa, a comparu devant la High Court, la cour d'appel de Dublin. Blanchi, il vient de retrouver son poste chez Ryanair. Le syndicat épuise ses ressources dans le combat avec la compagnie : «Nous avons utilisé, au cours des derniers mois, davantage de moyens, en personnel et en frais d'avocats, que dans les cinquante dernières années. A chaque étape, on gagne, mais on n'en voit pas le bout», se désole le délégué syndical derrière sa pile de dossiers. Le bungalow de Ialpa, sur l'aéroport de Dublin, jouxte le siège de Ryanair, un bâtiment modeste où, dit-on, une majorité de salariés n'a pas de bureau attitré, pour encourager la mobilité... Last but not least, les pilotes de Dublin sont toujours privés de l'augmentation générale de 3 % des salaires accordée par Ryanair à ses employés au début de l'année 2005, les navigants réclamant que la négociation salariale passe par la voie syndicale.

Frais d'uniforme. Ailleurs, dit Ryanair, les pilotes n'ont pas non plus fait de difficultés pour voler sur le nouveau 737. Et la compagnie d'exhiber sa réussite flamboyante comme pour justifier sa traque à la représentation collective : 27 % de croissance en 2004, 229 liaisons assurées et le rang de premier transporteur en Europe. La compagnie low-cost assure aussi verser un salaire annuel moyen (49 992 euros) plus élevé qu'Air France (43 124 euros) ou Lufthansa. Chez Air France, on doute sérieusement de la méthode de calcul : «Le salaire moyen ne veut rien dire.» En tout cas, les pilotes irlandais de Ryanair ne semblent pas convaincus de bénéficier d'un traitement de faveur. L'un d'eux fait ses comptes : «Je gagne moins qu'il y a cinq ans. On me retient 300 euros sur ma paie chaque semestre pour les examens médicaux, 200 pour mes frais d'uniforme, et c'est moi qui cotise maintenant pour ma retraite...» Dans sa recherche forcenée d'économies, Ryanair a même supprimé les bouteilles d'eau sur ses vols pour l'équipage. Quand on est hôtesse de l'air chez Ryanair, on est priée d'apporter sa boisson

Par
Libération

Baron rouge
17th Jul 2005, 20:29
Et alors ?

Tout le monde sait ça, il n'empêche que FR recrute, et qu'elle paie bien ses pilotes, beaucoup mieux que n'importe quelle boite Française sauf AF bien sur...

Quand à l'utilité des Syndicats, quand on voit ce que CORBET , président du SNPL a Apporté aux pilotes d'Air Lib avant de se tirer avec la caisse...merci beaucoup.

Alors toi aussi tu fais partie des Ryanair bashers ma chère mouche... le bleu ne serait-il pas en train de virer au vert:cool:

flyblue
17th Jul 2005, 21:39
Baron rouge,
l'info était dans tous les média. Le fait de la réporter (sans commentaire) ici fait de moi un Ryanair basher?

Ceci est un espace de discussion. Cet article me paraissait intéréssant, en considérant aussi l'autre argument très débattu ici sur le French Forum, notamment le fait de se payer une qualif ou pas, et plus en général l'avenir de l'aviation civile. Qu'on soit d'accord ou pas, certaines décisions et comportément créent des précédents et des parcours obligés, en boule de neige parfois, comme on l'a vu pendant les dernières années. J'estime intéréssant que les professionnels directement intéréssés puissent échanger des opinions et points de vue. Censurer les infos ne fera pas avancer le schmilblik, penser aux implications de ce qui est en train de changer nous permettra au moins de ne pas se faire prendre au dépourvu...ou de se sentir moins bete quand ça arrive.

Tes idées sont les bienvenues, exprime les: l'ésprit du Forum est de discuter les idées, pas les motivations de ceux qui les expriment.

Baron rouge
18th Jul 2005, 13:53
Ma chere Flyblue, je savais bien qu'en t'interpellant ainsi je déclencherais une réaction épidermique typique de la gente féminine.

Ceci dit, pour aller plus avant, il suffit d'aller dans les forums Anglais sur Ryanair pour trouver tout ce qui est dit dans cet article et qui est de la propagande pour les Irlandais de Dublin dans leur conflit avec Ryanair.

Quelles sont les évolutions du métier ? Dans un environement mondialisé chacun se replie sur lui même pour défendre ses acquis, mais aucun syndicat PN ne levera le petit doigt pour défendre des intérêts autres que ceux de ses propres dirigeants.

Ceux qui comme moi ont fait la dure expérience de TAT, AIR LIBERTE et AIR LIB savent très bien qu'il n'y a rien à attendre des Syndicats, bien au contraire, notre dernier patron n'était-il pas CORBET,le président du SNPL AF conseillé par PARIS, l'administrateur élu d'AF et IMMEDIATO, le président du SNPL TAT... rien que du beau monde... et ils sont partis avec la caisse.

Ceci dit je te conseille d'aller sur le site de Ryanair et de consulter dans news, le volet "investors relations" tu verras que Ryanair c'est pas mal du tout, et ils recrutent copis débutants, copis chevronnés et direct entry captains, Les avions sont neufs et très bien entretenus, les salaires sont bons sauf pour les copis débutants, peut-être que quelques-uns des Français qui fréquentent ce forum pourraient se porter candidats, la mise est importante, mais le jeu en vaut vraiment la chandelle.

3MTA3
18th Jul 2005, 14:39
Ryanair joue sur fond de controverse et y arrive très bien visiblement. Je pense que notre Merveilleux vol bleu voulait simplement faire passer une info, et comme d'habitude on s'emporte, ce qui a valu la remarque pas très élégante de Baron Rouge sur les réactions de la gent féminine. O'Leary, depuis le début, cherche à faire parler de lui en bien ou en mal et y parvient encore. Alors que faire? en parler ou l'ignorer? Personnelement je pense qu'il est essentiel de relayer ce genre d'info. Ensuite, libre à chacun d'en débattre.
En tout cas, Baron Rouge, je partage entièrement ta piètre opinion des syndicats. J'ai même été "black listé" par ALPA. Le peu de fois où j'ai eu affaire à eux, c'était pour m'enfoncer. J'ai quelques amis chez Ryanair qui sont très contents de leur sort, je m'abstiendrai donc de tout commentaire quant au management de cette boîte. Ils ont au moins le mérite de très bien payer leurs employés, ce qui n'est pas le cas d'une majorité de compagnies en Europe. Quant au fait de faire payer la transition, ce n'est pas la première airline à y penser. Par contre, ce dont l'article ne parle pas et qui est, à mon avis, bien plus choquant, c'est l'intention de Ryanair d'embaucher des pilotes américains et les baser en Europe. Que dit le syndicat à ce propos?