Bre901
6th May 2004, 12:23
Le Monde (http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3234,36-363813,0.html)
Deux prestataires d'easyJet accusés de "mise en danger de la vie d'autrui"
LE MONDE | 06.05.04 | 13h37
Des techniciens lyonnais de la société Aviapartner sont mis en examen pour de fausses attestations portant atteinte à la sécurité des avions.
Lyon correspondance
Un chef d'escale adjoint et un superviseur de la société Aviapartner, spécialisée dans l'assistance aéroportuaire, ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire, les mardi 27 et vendredi 30 avril, dans le cadre d'une instruction ouverte par la juge Annick Corona, du pôle financier de Lyon, pour "faux et usage, mise en danger de la vie d'autrui, et mise en circulation d'aéronefs dans des conditions non conformes".
L'enquête, menée depuis près d'un an par la police aux frontières (PAF), a débuté au moment où Aviapartner faisait l'objet d'un audit de la compagnie easyJet, en vue du renouvellement d'un contrat d'assistance sur l'aéroport Lyon - Saint-Exupéry. Les policiers, alertés par des salariés d'Aviapartner, ont d'abord eu connaissance de fausses attestations fournies par Aviapartner, portant sur la formation du personnel. Les investigations ont ensuite permis de découvrir des irrégularités dans des documents qui concernaient le suivi au sol d'avions d'easyJet, lors d'escales à Lyon. Selon une source judiciaire, le plan de chargement de plusieurs appareils - le "load sheet" -, qui doit fournir aux commandants de bord la répartition des charges entre le carburant et les bagages, afin d'adapter leur pilotage, présentait des "erreurs ou des omissions". En outre, des horaires auraient été modifiés sur des fiches de vol, afin de masquer des retards. Ces pratiques, qui ne concernaient pas la mécanique, se seraient répétées pendant "plusieurs mois".
"LES FUSIBLES D'UN SYSTÈME"
Le rapport d'un expert en aviation, versé au dossier, a estimé que ces plans de chargement erronés présentaient un risque potentiel indéniable, d'où la qualification de "mise en danger" retenue par le magistrat.
Emaillée d'une perquisition dans ses locaux, l'affaire a provoqué des remous au sein d'Aviapartner, qui compte environ 250 salariés à Lyon - Saint-Exupéry. D'origine belge, le groupe emploie environ 4 000 salariés sur 25 aéroports européens. Le chef d'escale adjoint et le superviseur de Lyon ont été mis à pied, puis licenciés pour "faute grave".
Ces faits présumés s'inscrivent dans un contexte économique et social tendu, marqué récemment par la liquidation de l'antenne bordelaise d'Aviapartner. Depuis la libéralisation du secteur d'assistance aéroportuaire, la concurrence est acharnée. "La pression est telle qu'on en arrive à des affaires comme celle-ci. Ce qu'ils ont fait est grave, mais ce sont les fusibles d'un système qui ne pense qu'à l'argent, les conditions de travail et de recrutement provoquent des situations dangereuses, il est temps d'ouvrir les yeux", confie un technicien.
Pour Michel Ragot, directeur général d'Aviapartner France, cette affaire relève "d'initiatives isolées", "de fautes sanctionnées, qui mettent en danger l'entreprise". "La pression économique est réelle, mais elle ne justifie en aucun cas ces actes étudiés par la justice", ajoute- t-il.
Richard Schittly
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 07.05.04
Deux prestataires d'easyJet accusés de "mise en danger de la vie d'autrui"
LE MONDE | 06.05.04 | 13h37
Des techniciens lyonnais de la société Aviapartner sont mis en examen pour de fausses attestations portant atteinte à la sécurité des avions.
Lyon correspondance
Un chef d'escale adjoint et un superviseur de la société Aviapartner, spécialisée dans l'assistance aéroportuaire, ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire, les mardi 27 et vendredi 30 avril, dans le cadre d'une instruction ouverte par la juge Annick Corona, du pôle financier de Lyon, pour "faux et usage, mise en danger de la vie d'autrui, et mise en circulation d'aéronefs dans des conditions non conformes".
L'enquête, menée depuis près d'un an par la police aux frontières (PAF), a débuté au moment où Aviapartner faisait l'objet d'un audit de la compagnie easyJet, en vue du renouvellement d'un contrat d'assistance sur l'aéroport Lyon - Saint-Exupéry. Les policiers, alertés par des salariés d'Aviapartner, ont d'abord eu connaissance de fausses attestations fournies par Aviapartner, portant sur la formation du personnel. Les investigations ont ensuite permis de découvrir des irrégularités dans des documents qui concernaient le suivi au sol d'avions d'easyJet, lors d'escales à Lyon. Selon une source judiciaire, le plan de chargement de plusieurs appareils - le "load sheet" -, qui doit fournir aux commandants de bord la répartition des charges entre le carburant et les bagages, afin d'adapter leur pilotage, présentait des "erreurs ou des omissions". En outre, des horaires auraient été modifiés sur des fiches de vol, afin de masquer des retards. Ces pratiques, qui ne concernaient pas la mécanique, se seraient répétées pendant "plusieurs mois".
"LES FUSIBLES D'UN SYSTÈME"
Le rapport d'un expert en aviation, versé au dossier, a estimé que ces plans de chargement erronés présentaient un risque potentiel indéniable, d'où la qualification de "mise en danger" retenue par le magistrat.
Emaillée d'une perquisition dans ses locaux, l'affaire a provoqué des remous au sein d'Aviapartner, qui compte environ 250 salariés à Lyon - Saint-Exupéry. D'origine belge, le groupe emploie environ 4 000 salariés sur 25 aéroports européens. Le chef d'escale adjoint et le superviseur de Lyon ont été mis à pied, puis licenciés pour "faute grave".
Ces faits présumés s'inscrivent dans un contexte économique et social tendu, marqué récemment par la liquidation de l'antenne bordelaise d'Aviapartner. Depuis la libéralisation du secteur d'assistance aéroportuaire, la concurrence est acharnée. "La pression est telle qu'on en arrive à des affaires comme celle-ci. Ce qu'ils ont fait est grave, mais ce sont les fusibles d'un système qui ne pense qu'à l'argent, les conditions de travail et de recrutement provoquent des situations dangereuses, il est temps d'ouvrir les yeux", confie un technicien.
Pour Michel Ragot, directeur général d'Aviapartner France, cette affaire relève "d'initiatives isolées", "de fautes sanctionnées, qui mettent en danger l'entreprise". "La pression économique est réelle, mais elle ne justifie en aucun cas ces actes étudiés par la justice", ajoute- t-il.
Richard Schittly
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 07.05.04