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View Full Version : Article du Figaro sur l'accord AF-KLM


flyblue
18th Sep 2003, 01:15
Air France et KLM dans une zone à risque

Véronique Guillermard, Le Figaro
[17 septembre 2003]



Dernière ligne droite pour Air France et KLM. Engagées dans des négociations depuis près d'un an, les directions des deux compagnies aériennes n'ont jamais été aussi proches d'annoncer une alliance capitalistique et commerciale. Il s'agirait de la première du genre dans le ciel mondial tant la spécificité de l'activité et la défense du pavillon national rendent difficiles ce type de fusions.


Convoqués en comité central d'entreprise (CCE) ce matin et demain, les syndicats d'Air France attendent de conna'tre les détails de ce projet qualifié «d'ambitieux». «La direction doit nous préciser l'état des négociations, expliquer le pourquoi de l'alliance, en détailler les conséquences financières ainsi que la structure de la future entité», explique Philippe Rafin du Spac Air France, deuxième syndicat de la compagnie. «L'essentiel du sujet devrait être com muniqué aujourd'hui», ajoute-t-il.


Parallèlement, les deux administrateurs du SNPL, syndicat des pilotes, ont demandé à Jean-Cyril Spinetta, président d'Air France, de convoquer une réunion du comité stratégique. Enfin, un CCE extraordinaire est programmé pour lundi prochain.


Si le calendrier s'accélère, la plus grande prudence régnait hier, d'autant que les deux compagnies qui doivent réunir simultanément leur conseil d'administration ce soir ont finalement décidé de les reporter à une date ultérieure. Du coup, il est peu probable qu'une annonce soit faite aujourd'hui. «Nous sommes dans un stade très avancé des discussions, mais il reste encore plusieurs questions cruciales non résolues», précisait un porte-parole de KLM, jugeant «très ambitieuse une annonce rapide».


Le transport aérien a en effet habitué les observateurs à des coups de théâtre. Le 27 avril 2001, KLM et Alitalia avaient spectaculairement rompu leurs fiançailles annoncées un jour plus tôt. A l'automne 2000, KLM jetait l'éponge après quatre mois de négociations intenses avec British Airways. D'où l'extrême prudence qui règne autour de l'ultime étape des discussions entre KLM et Air France. D'autant que «c'est plus compliqué avec Air France compte tenu du nombre d'acteurs impliqués, qu'avec Alitalia ou British Airways», souligne-t-on dans le secteur.


Et d'expliquer qu'Air France est partenaire de Delta via son alliance mondiale SkyTeam. Or Delta est elle-même partenaire de Northwest et Continental, les deux alliés américains de KLM. En outre, Alitalia qui a échangé 2% de son capital avec Air France, souhaite s'intégrer dans l'alliance franco-néerlandaise. La compagnie italienne réunit également son conseil d'administration aujourd'hui.

Il «se réunit pour donner sa bénédiction au projet d'intégration avec Air France et KLM. Le management a demandé au Trésor de rendre disponible une part de 20 à 30% des actions à temps pour les tractations», précise-t-on de source proche d'Alitalia.

Autres points délicats des discussions, les questions de l'emploi et de la pérennité du pavillon national assorti des droits de trafic. En matière sociale par exemple, les syndicats d'Air France expriment déjà leur crainte d'autant que KLM est en train de supprimer 4 700 postes. «Certes dans le cadre de notre accord collectif signé en juin dernier, une clause garantit l'emploi des pilotes mais les autres catégories de personnel n'ont pas signé une telle clause», souligne Philippe Rafin du Spac Air France. La question des droits de trafic est également aigüe: si les Etats européens conservent juridiquement la possibilité de les négocier, ils ont mandaté au printemps dernier la Commission européenne pour discuter un accord de ciel ouvert avec les Etats-Unis en leur nom.

Enfin, la structure de pilotage de l'alliance binationale reste à préciser. Selon le schéma qui circule, l'opération verrait KLM passer sous contrôle français. Air France rachèterait en effet 100% de la compagnie nationale néerlandaise qui, de son côté, reprendrait 15% à l'Etat français, actionnaire à hauteur de 54,4%. Dans un deuxième temps, l'Etat français céderait jusqu'à 20% de ses titres restants sur le marché, rendant ainsi totalement Air France au secteur privé. La privatisation est en effet pour les Néerlandais une condition sine qua non à l'opération.
Comme KLM mais aussi Swiss ou Iberia, Alitalia – qui traverse une période de fortes difficultés financières –, n'a pas la surface suffisante pour survivre seule dans un marché aérien encore perturbé par les conséquences du 11 septembre 2001 puis la guerre en Irak, le Sras et la panne de l'économie mondiale. Les compagnies de taille moyenne négocient actuellement tous azimuts afin de s'adosser à un transporteur disposant d'un réseau mondial. Or le choix est restreint: seules Air France, Lufthansa et British Airways peuvent jouer ce rôle de fédérateur du ciel européen