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View Full Version : Swiss: reconversion des pilotes


ettore
16th Aug 2004, 16:19
En prévision des résultats semestriels de la compagnie nationale helvète SWIXX qui seront communiqués demain, un collègue a récupéré le script d'une conversation enregistrée en allemand dans le nouveau cockpit où s'est retrouvé l'un de ses anciens pilotes... :E


Pilote: Mesdames, Messieurs, c'est votre commandant Manfred Boutefeu qui vous parle, bienvenue à bord de notre ligne numéro 3. Nous allons partir dans un instant et vous prie de regagner vos sièges. Vous trouverez dans la pochette placée en face de vous de vieux chewing-gums, des canettes de bière éventrées et des kleenex usagés. Il y a quatre issues de secours à tribord, signalées par des panneaux lumineux. Il est interdit d'en bloquer les portes, dont l'ouverture est automatique. Nous devrions avoir rejoint notre destination dans 18 minutes. Je vous souhaite un agréable voyage."

Journaliste-radio (à ses auditeurs): Après l'effondrement de la compagnie aérienne nationale SWIXX, tous ses pilotes ont retrouvé un emploi, grâce à un gigantesque effort de reconversion financé par l'État, qui a pu les replacér dans des compagnies de transports locaux. Je me trouve à présent aux cotés du commandant Boutefeu, qui, il y a quelques jours à peine, effectuait le dernier vol transatlantique de la compagnie SWIFT. Il conduit à présent le bus de la ligne numéro trois Allée des Tilleuls - Gare centrale. Commandant Boutefeuilles, qu'est-ce qui a vraiment changé pour vous?

Pilote (au journaliste): Boutefeu, pas Boutefeuilles. D'abord, les choses sont plus simples qu'avant. On m'a confié un appareil dont le train d'atterrissage reste constamment en contact avec la piste. Il y a donc moins de turbulences. Et puis grâce au siège situé à un mètre cinquante du sol de la cabine, j'ai généralement une bonne vue. En plus, je soufre beaucoup moins du décalage horaire sur la Ligne Allée des Tilleuls - Gare centrale que sur l'Atlantique Nord... Excusez-moi un instant.

Pilote (aux passagers): Mesdames, messieurs, c'est votre capitaine qui vous parle. Nous avons quitté l'Allée des Tilleuls pour notre destination, la Gare centrale. Nous devrions atteindre dans quelques instants une vitesse au sol de 41,5 km/h, qui sera notre vitesse de croisière. La météo est bonne à la Gare centrale – 17 degrés, ciel très peu couvert – avec une légère brise de huit nœuds soufflant de Nord Nord-Est. Nous longeons à présent la gravière que vous pouvez observer à bâbord, et, euh..., à tribord, les bâtiments du complexe industriel des Tricots Cousus Main. Nous devrions rejoindre notre prochaine escale Stade Municipal dans six minutes. Dans la mesure du possible, restez assis pendant toute la durée du trajet. Merci.

Le journaliste:Commandant, il y a-t-il aussi des inconvénients à votre reconversion?

Le pilote (au journaliste): Absolument. Cela exige beaucoup plus de concentration. Voyez seulement le trafic ascendant: il est beaucoup plus proche qu'au-dessus de l'Atlantique ou de la Mer de Chine. En plus, les communications radios se font ici en Suisse allemande en dialecte, ce qui n'est pas toujours évident à comprendre. "Amène-toi à la station des Lilas" ne veut pas dire que je doive entrer dans l'abribus, mais que je dois me garer le long de l'abribus. Mais avec un peu d'exercice, on y arrive.

Le journaliste: Certes..., euh..., j'entends bien, mais il y a-t-il pas eu des moments d'énervement de la part des écoliers, des ménagères et des gens qui vont au travail?

Le pilote: Permettez. Le devoir m'appelle.

Le pilote (aux passagers): Mesdames, messieurs, c'est à nouveau votre commandant qui vous parle. Nous nous engageons à présent sur le viaduc autoroutier. Sortis de l'échangeur, nous allons faire un grand virage qui nous mènera à quinze heures – euh... à droite, je voulais dire – sur le grand boulevard. Pour ceux de nos passagers qui viennent de nous rejoindre, le trajet jusqu'à notre terminus de la Gare centrale vous donne droit à 4 kilomètres de bonus de notre programme de fidélité. Merci de votre attention.

Le journaliste: Je voulais vous demander pourquoi des passagers se sont-ils énervés à cause de votre style de conduite. Certains affirment que vous êtes trop relax aux commandes, inattentif, et même tête-en-l'air...

Le pilote: Soyons sérieux. L'appareil s'appelle "autobus" mais la technique n'est visiblement pas à la hauteur. Il n'a même pas d'auto pilote. Quand j'essaie de me verser une tasse de café, j'en mets plein sur mon pantalon. Un instant d'inattention, et hop, c'est une jante contre le trottoir ou de la tôle froissée. Ca a de quoi énerver... Bon. Je crois que nous arrivons, ou alors?

Le journaliste: Oui. C'est bien la Gare centrale.

Pilote (aux passagers): Mesdames et messieurs, c'est à nouveau votre capitaine qui vous parle. Notre destination est en vue, nous réduisons notre vitesse pour l'approche. Je vous demande de restez assis, ou de bien vous tenir, jusqu'à ce que nous ayons rejoint notre position de parking. Le commandant Boutefeu et son équipe vous dit déjà "au revoir" et vous remercie d'avoir choisi la ligne numéro trois. Nous vous souhaitons un agréable séjour à la Gare centrale et nous réjouissons de vous revoir bientôt sur nos lignes.

Le journaliste-radio (à ses auditeurs): Manfred Boutefeu jette encore un dernier coup d'œil dans le rétroviseur, il met son clignotant à bâbord... il freine à présent (bruits de freins). Oui, le bus ralentit, il s'immobilise le long de l'abribus, juste là où il faut! Bravo, capitaine, c'était parfait. A vous, les studios.

(Les passagers applaudissent).



Idée originale du cabaretiste allemand Stenkenfeld. La bande-son originale de son sketch en allemand existe sur le site suisse www.flightforum.ch