PDA

View Full Version : Air Atlantique, la compagnie qui volait à vide


flyblue
17th Jan 2004, 22:23
Le tribunal de commerce du Havre rendra mardi sa décision sur l'avenir de la société, en cessation de paiements.

Par Cédric MATHIOT
samedi 17 janvier 2004


Le tir au pigeon continue dans le ciel français. Hier, le tribunal de commerce du Havre a mis en délibéré sa décision concernant l'avenir d'Air Atlantique, en cessation de paiements. La petite compagnie saura mardi si le sérieux des quelques repreneurs lui donnera un répit. Cette nouvelle tuile dans le ciel français n'apporte rien de nouveau, elle apprend juste que les autorités publiques ne s'en sortent pas forcément mieux que les patrons privés.

Rachetée il y a un an par les collectivités publiques de la région (70 % pour le conseil général de Seine-Maritime, 10 % pour le département du Calvados et le reste entre le privé et les chambres de commerce), la compagnie était présidée par un sénateur UMP, Charles Revet. Celui que les syndicats désignent aujourd'hui comme le fossoyeur de l'entreprise.

Spleen. La liste est longue des erreurs stratégiques reprochées à Charles Revet, de taux de remplissage minable (jamais supérieur à 25 %) en initiatives hasardeuses : «Ils ont lancé Deauville-Londres.. Mais personne ne pouvait acheter de billets en Angleterre.» Le reste est, à en croire les syndicalistes, du même tonneau. Les dirigeants, pour ouvrir une ligne vers Amsterdam, se seraient appuyés sur des études de marché fantaisistes. Un pilote raconte le spleen qui s'empare d'un équipage quand pas un des 50 sièges des avions de la compagnie ne trouvait preneur. «L'hôtesse vient s'asseoir. A l'arrivée, tu bois ton café. Tu redécolles et tu te dis qu'à raison de 3 000 euros l'heure de vol, la compagnie va dans le mur... Aucune autre compagnie n'aurait décidé de faire décoller des vols à vide.»

La volonté de ne pas s'allier avec Air France aurait aussi porté un sale coup à la compagnie. «La distribution était nulle, se désole Eric Bidan, représentants syndical du SNPL. Nous n'avons même pas réussi à faire créer un site Internet pour acheter des billets. Quant à la pub, il y en a eu un peu au Havre, mais c'est tout.» En avril, la direction a tenté de remédier à ses problèmes de distribution en rachetant la compagnie Air Jet, mais il a fallu alors payer une dizaine d'employés à ne rien faire... puisqu'ils n'étaient pas qualifiés pour officier sur quatre avions d'Air Atlantique.

Gabegie. Les syndicats, mais aussi la gauche de la région, dénoncent une gabegie qui a coûté plus de 10 millions d'euros au contribuable normand et laisse nombre de créanciers dans la panade. La compagnie tra'ne une dette de 6 millions d'euros, associant les partenaires sociaux mais aussi des sous-traitants locaux. Charles Revet ne souhaite pas s'exprimer sur le sujet, réservant ses réactions pour la séance du conseil général, lundi.

par Libération