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View Full Version : Low cost dans un pays low cost (article)


flyblue
4th Nov 2003, 14:48
Low cost dans un pays low cost
La compagnie aérienne slovaque SkyEurope veut devenir leader en Europe centrale.Libération 3/11/2003

Par Véronique SOULÉ,Bratislava envoyée spéciale

«Il est plus facile de créer ici. A Paris, je n'aurais jamais pu faire ce que j'ai fait.» A 28 ans, Christian Mandl, l'air sérieux derrière ses lunettes, en costume gris et chemise blanche, est quelqu'un d'important en Slovaquie. Il dirige SkyEurope, qui ambitionne de devenir le leader des compagnies aériennes à bas coût (low cost) en Europe centrale. La Slovaquie s'étant retrouvée sans aviation civile après l'éclatement de la Tchécoslovaquie le 1er janvier 1993, SkyEurope est devenue de facto la compagnie nationale. «Nous avons même transporté le pape lors de sa dernière visite», souligne Christian Mandl.

Installé près de l'aéroport de Bratislava, le siège de SkyEurope ne paie pas de mine. Dans une grande salle, les équipages se préparant au départ côtoient les hôtesses qui prennent les réservations par téléphone. Comme toutes les compagnies à bas coût, SkyEurope n'émet pas de billets. Plus on réserve tôt, plus les tarifs sont intéressants. Un Paris-Bratislava démarre au prix plancher de 39 euros, avec un sandwich et une boisson chaude en guise de collation et à bord d'un Boeing 737 dont la carlingue affiche la moue boudeuse de la blonde Adriana Karembeu, l'icone de la compagnie (Libération du 12 septembre).

«Pays low cost». «Nous sommes une compagnie low cost dans un pays low cost», résume Christian Mandl. SkyEurope est un exemple des opportunités que peuvent offrir des pays comme la Slovaquie, où les coûts de production sont réduits et le niveau de formation comparable à l'Ouest. «Nous n'exploitons personne, se défend Mandl. Nos pilotes gagnent bien plus que le salaire mensuel moyen de 300 euros.» Avec un peu plus de 1 000 euros grâce aux primes, on reste toutefois très en deçà des salaires occidentaux. De plus, tout comme les appareils qui repartent après vingt minutes au sol, l'équipage vole 800 heures par an contre 400 à 500 heures dans les compagnies traditionnelles. «Nous payons la formation de nos pilotes, à la différence des grandes compagnies», tient à préciser Christian Mandl, qui assure que les candidats ne manquent pas. D'anciens pilotes d'Air Lib, craignant de perdre leur licence faute de voler, se seraient présentés.

Déficitaire. Depuis son lancement le 12 février 2002, SkyEurope a transporté 150 000 passagers sur ses 14 destinations. L'an dernier, avec un chiffre d'affaires de 4,4 millions d'euros, la compagnie, qui emploie 150 personnes, a été déficitaire mais escompte des bénéfices pour 2003. Le 14 novembre, deux nouvelles routes seront ouvertes - Paris- Budapest et Londres-Budapest - et, à partir de décembre, SkyEurope va relier la capitale hongroise à Milan et à Zurich. «Nos concurrents sont surtout les trains et les cars», explique Christian Mandl. Les mauvaises infrastructures héritées du communisme sont une aubaine : l'une des destinations les plus rentables de SkyEurope est Bratislava-Kosice, la grande ville de l'est du pays, à 500 kilomètres, qu'il faut plus de cinq heures pour atteindre en train.

«Je ne pensais pas que c'était si compliqué» : quand l'idée germe en 1999, Christian Mandl n'imagine pas qu'il lui faudra deux ans pour créer SkyEurope avec un autre Belge, Alain Skowronek - fondateur de la compagnie low cost belge EBA, avalée depuis par Virgin -, et encore une année pour voir voler ses premiers avions, de petits Embraer. «Je sortais de Sciences-Po Paris, une bonne école qui donne une méthode. Il m'a fallu tout apprendre sur le terrain : les contrats d'assurances, les réservations en ligne, le marketing, le fonctionnement d'un avion...» Christian Mandl conna't la région qu'il a parcourue en vacances et se met au slovaque. Il lui faut aussi trouver des investisseurs : «C'est comme dans un film, un bon scénario ne suffit pas, il faut aussi un bon casting», dit-il. La banque néerlandaise ABN Amro, la Berd et des fonds d'investissements de l'Union européenne détiennent aujourd'hui 51,1 % de la compagnie.

Christian Mandl avoue travailler «plutôt deux fois trente-cinq heures qu'une». Mais la vie à Bratislava, petite capitale à cinquante kilomètres de Vienne, est facile. «On voit un ministre comme on verrait un adjoint au maire à Paris», dit-il. Mandl fait aussi de fréquents sauts à Paris où, étudiant, il avait «adoré vivre». Prochaine étape : le 1er mai 2004, avec l'élargissement de l'UE. «On pourra voler partout en Europe», se félicite Mandl. Et cette fois, il se sent prêt : à Sciences-Po, il s'était spécialisé sur l'Europe communautaire.

ATC Watcher
5th Nov 2003, 04:09
Voila le debut du cirque tel que l'on le connait depuis une dizaine d' annees dans la marine marchande .
Le 1er Mai 2004 va sans doute ouvrir des possibilites de 5eme liberte a des compagnies d' Europe centrale . heureusement les slots d' aeroports sont tous bien verrouilles et la revolution ne va pas se faire du jour au landemain, mais tant qu' il y aura des gens pour qui 1000 euros par mois sont 3 fois plus que ce qu'ils peuvent esperer localement, il y auras toujours des volontaires.
A quand Les equipages philippins sur des avions slovaques volant Paris -Nice ?
Que ceux qui croient que c' est impossible fasse un tour dans un grand port genre Anvers ou Rotterdam.:(

mermoz
5th Nov 2003, 13:09
Et oui ATC c'est se qu'on appelle la mondialisation ...

Les pauvres viennent trouver du travail chez les riches ,et pour des qualites egales ils sont payes trois fois moins cher . A qui la faute ?

Ca va etre marrant quand l'Europe va souvrir aux pays de l'Est , et c'est pour bientot , alors tous ce qui croient aux bon vieux syndicats je leur souhaite bonne chance ... En France comme ailleur il va falloir changer de mentalites et penser serieusement a s'adapter:cool:

Brouillard et brume a l'horizon

ATC Watcher
7th Nov 2003, 04:02
dans le style brume et brouillard :
German budget carrier DBA, formerly Deutsche BA, is to test for one year flight attendants supplied by an employment agency when it commences services on the Berlin Tegel-London Gatwick route next week.

The agency-employed flight attendants will be paid a commission from on-board sales. Perfect Point will pay DBA a fee of €1 ($1.15) a flight to conduct the cabin service.

DBA chief executive Hans Rudolf Wohrl, speaking to ATI at a briefing in London, says: “It means that [on these trial flights] I don’t pay for flight attendants any more.”

Outsourcing the cabin service is causing a degree of nervousness among unions, admits Wohrl. But he believes that this is mainly because the decision has the potential to reduce union influence within the airline.

le cirque ne fait que comencer...
:(

PorcoRosso
29th Nov 2003, 17:38
Faut relativiser un peu

J'ai le plaisir de conna'tre un mécano de Skyjet Europe, avec qui j'ai pu discuter des conditions de travail dans la boutique
Il est payé 19000 Skk / mois, c'est à dire environ 450 Euros . Bien sûr, ça fait pas bcp pour un "occidental" moyen, mais dans un pays ou le salaire moyen est de 9000 Skk, c'est pas dégeu. A cela, il faut remettre le coût de la vie slovaque en perspective. Celle ci est 5 fois moins chere là bas que chez nous .... En gros, 19000 SKk équivalent à un salaire de 15.000 FF chez nous !!!
Ok, des pilotes payés 1000 à 2000 Euros / mois, ça fait pas rire ... Et pourtant, c'est quand même environ 80.000 SKK /mois.

On peut difficilement imaginer une cohésion dans cette entreprise si les salaires des navigants étaient "normaux" et ceux des personnel au sol , slovaques, non ?

Et pourtant .... Ce n'est pas loin d'être le cas, puisque SkyJet Europe va recruter des pilotes 737 , occidentaux, avec des salaires attractifs . Qu'en penseront leurs collégues locaux ?

PPRuNeUser0215
1st Dec 2003, 02:26
En tout cas c'est une affaire a suivre.
Plutot comprehensible quand on entend dire certains Captains dirent qu'ils sont contents de partir en retraite maintenant plutot que dans 30 ans... La grande Epoque ils l'ont connu et ce fut bel et bien une chance. Ceci dit pour l'instant je ne peux vraiment pas me plaindre mais tous ces changements (Securite, emplois precaires, etc..) ne font que commencer.

Enfin bon j'vais quand meme pas chopper un ulcere pour ca :D :D

FougaMagister
20th Dec 2003, 02:15
Eh ben moi, même à 1000 Euros/mois, je suis prêt à bosser pour eux! D'accord, comparé aux salaires "occidentaux", ça peut para'tre pitoyable, mais c'est toute la différence entre payer pour voler... et l'inverse. Et puis, avec un coût de la vie 5 fois inférieur (à en croire les témoignages), on doit arriver à joindre les deux bouts.

En outre, avec une croissance de 6,5% /an en Slovaquie depuis quelques années, les salaires vont bien se mettre à suivre...

A+

PS: au moins, lorsqu'on leur envoie sa candidature par e-mail, les gens de Sky Europe répondent dans les 24 heures! J'en connais qui feraient bien d'en prendre de la graine...

PPRuNeUser0215
20th Dec 2003, 07:32
Eh ben moi, même à 1000 Euros/mois, je suis prêt à bosser pour eux!

Oui mais pour combien de temps ? Je veux dire lorsque tu auras les heures plus d'autres opportunites, est ce que vraiment tu ne verras pas les choses autrement ?

mais c'est toute la différence entre payer pour voler... et l'inverse

Malheureusement ce n'est plus de simplement voler qu'il s'agit, mais bel et bien de travailler, d'elever une famille, de preparer une retraite ou bien d'etre a l'abri du besoin.


Je comprends bien que cela semble etre une opportunite fantastique pour quelqu'un qui a toujours reve de faire de pilote son metier. Tristement une telle situation sur le long terme ne peut etre qu'a notre detriment et notre cote idealiste que peu en rapport avec le monde dans lequel l'on vit.

FougaMagister
20th Dec 2003, 17:43
Bon, je m'explique: entre un boulot (volant) mal payé et pas de boulot du tout, je choisis la première solution. Laisser passer une occase de mettre le pied sur la première marche de l'échelle serait une attitude d'enfant gâté...

Bien sûr, tout le monde préférerait être payé comme chez Britannia, mais il est logique que les salaires soient moins élevés en Europe centrale, compte tenu du niveau de vie.

Quant à l'emploi à vie, faut tout de même pas rêver... c'est fini tout ça, la concurrence existe au niveau des employeurs aussi.

A+

PPRuNeUser0215
20th Dec 2003, 18:04
D'accord avec toi mais comme tu le dis toi meme, tu parles de mettre un pied a l'etrier. Beaucoup d'entre nous avons fait ca, trouver un job qui paye un peu, afin de pourvoir en vivre et en attendant des temps meilleurs.
Je l'ai fais sur C206 en Afrique par exemple mais ce qui est peut justifie pour un tel job peut avoir des consequences plus graves quand il s'agit de voler sur des machines qui ont tendance a representer ce qui se trouve aux sommet de la pyramide.

Bien sur cette situation n'est pas encore generalisee mais imgagine ce qui se passerait si un Co pi experimente devait gagner 1000 Euro par mois.
Combien gagnerait donc un co pi Dash 8 ? Un co pi King Air ou encore un pilote de 206 ?
Ce niveau de salaire ne resoudrait pas ton probleme, qui est bien sur de trouver un job. Par contre tu pourras rester assurer de ne jamais pouvoir plannifier un futur digne de son nom.
Et puis comment rembourser cet emprunt que l'on a tous pris aupres de notre banque preferee si nos perspectives de salaires sont des plus basses. Et pout pousser l'argument un peu plus loin les banques ne pretent dans l'attente d'un retour sur investissement. Pas de retour=pas de pret.


Quant à l'emploi à vie, faut tout de même pas rêver... c'est fini tout ça, la concurrence existe au niveau des employeurs aussi.
Je ne parlais pas d'emploi a vie dans une seule est meme compagnie mais plutot de carriere, avec qui que ce soit ou que ce soit.

FougaMagister
20th Dec 2003, 21:17
On est d'accord, mais le moins-disant sur les rémunérations et conditions d'emploi vient plutôt des comptables des compagnies occidentales qui trouvent toujours des candidats prêts à payer pour leur test sur simulateur, leur QT, à voler éventuellement sans primes de vol pendant les six premiers mois ou à être à salaire réduit pendant le line training - et avoir malgré tout un "bond" de 2 à 3 ans!

En plus, avec un "frozen" ATPL/IR et 300 heures TT, on est aujourd'hui limité aux compagnies de "troisième niveau" régionales ou cargo sur TP, c'est à dire 5 ou 6 boites en GB. No problem en ce qui me concerne, sauf que travaillant pour 14000 à 18000 £/an brut en GB, il est plus dur de joindre les deux bouts qu'avec 1000 Euros/mois en Slovaquie ou en Hongrie. Je gagnais 40 à 50% de plus cette année en tant que PNC chef de cabine sur charter!

OK , le futur n'est pas brillant, mais il faut bien commencer quelque part.;)